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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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lundi 14 juin 2010



Raúl Damonte Botana, dit Copi, 1939, Argentine-1987, France








De son vrai nom Raul Taborda Damonte, Copi est né en 1939, à Buenos Aires, dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle - sa grand-mère, auteur de théâtre réputée dans son pays, mettait en scène, dans les années 30, des lesbiennes trompant leur mari... Après la chute de Peron, en 1955, l'Argentine traverse des temps troublés, les périodes de démocratie alternent avec les régimes dictatoriaux. Élevé en grande partie à Montevideo (Uruguay), dans une famille argentine parfaitement francophone dont le père est directeur de journal et député anti-péroniste, tirant peut-être du goût de ce dernier pour la peinture un talent précoce pour le dessin, il collabore dès l’âge de 16 ans au journal satirique Tía Vicenta.

Les activités politiques de son père l’obligent à s'exiler en sa compagnie à Haïti puis à New York. En 1963, il le quitte pour s’installer à Paris dans l’espoir d’y vivre de sa passion, le théâtre. Mais sa maîtrise imparfaite du français le conduit à vivre dans un premier temps de dessins. Sous le nom de « Copi » (« poulet » en argentin), il entre alors à Twenty, puis à Bizarre. C'est dans cette dernière revue qu’à l’automne 1964, Serge Lafaurie, à la recherche d’une BD pour Le Nouvel Observateur, le remarque.

S’il amorce alors sa collaboration à l’hebdomadaire de la rue d’Aboukir, il dessine aussi pour Hara-Kiri, Charlie Hebdo et à leur homologue italien, Linus. Se distinguant par un graphisme aigu et un humour surréaliste, il atteint la notoriété avec son personnage de dame assise au gros nez et aux cheveux raides qui, figée sur sa chaise, monologue, ou dialogue avec un volatile informe. Selon Marilú Marini,[2] il a « créé son exact opposé avec cette femme pleine d’a priori qui veut rester sur sa chaise sans bouger, car tout ce qui peut ébranler ses convictions est pour elle un grand danger ».

Cette femme assise suivra Copi partout : dans les colonnes de Hara Kiri, de Charlie mensuel, de Libération et du Gai Pied, auquel Copi collabore dès sa création. Pour Libération, il imaginera également le personnage de Kang, gentil kangourou non moins loufoque et véritable poil à gratter. Dans l'une de ces planches (parues en album chez Dargaud, en 1984), Kang engage une discussion : «Que préten-dez-vous, les gays ? - On veut se marier à la mairie comme les autres! - Qui vous l'interdit?- On ne trouve pas de robes de mariée à notre taille.»

Avec les revenus qu’il tire du dessin, il peut ainsi se livrer à sa passion en compagnie de ses amis Victor Garcia, Alejandro Jodorowsky, mais aussi Jérôme Savary qui est le premier, en 1964, à monter de courtes pièces qu’il a écrites. Jorge Lavelli prend la suite en montant Sainte Geneviève dans sa baignoire, La Journée d'une rêveuse au Lutèce (1966) et L'Homosexuel ou la Difficulté de s'exprimer (1967) où Copi joue lui-même un travesti délirant.

Car s’il dénonce le régime argentin comme dans Eva Peron (montée à Buenos Aires en 1970), il s’illustre par son engagement aux côtés du Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (FHAR) qui traduit un rapprochement entre l'extrême gauche mao et les homosexuels. Depuis 2000 le metteur en scène Marcial di Fonzo Bo monte l'intégrale de Copi et compte parmi ses comédiens Pierre Maillet, Élise Vigier, Marina Foïs, Raoul Fernandez, Philippe Marteau.

Publiée en 1978, La Tour de la Défense («La tour de la Défonce», serait-on tenté de dire), l'une de ses meilleures pièces, quasi irracontable, qui met en scène un couple d'homosexuels au bord de la crise de nerfs (et, chez Copi, l'expression tient du pléonasme) et leurs voisins (en l'occurrence un travesti, une hystérique sous acide et un Arabe, tous personnages récurrents, avec les rats, du bestiaire de l'auteur). Le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre 1976, tout ce petit monde s'aime, se déchire, s'insulte (« Espèce de styliste!» lance l'un des deux homos à son conjoint) dans une frénésie grand-guignolesque. Il n'y a pas de message, ni même de sens. « Copi, c'est un Beckett qui ne se sentirait pas responsable du poids du monde», a pu dire de lui Armando Llamas, autre dramaturge argentin.

Compagnon de la figure de proue du mouvement gay, Guy Hocquenghem, il suit ce dernier à Libération où, avec Jean-Luc Hennig, Christian Hennion ou la transsexuelle Hélène Hazera, ils forment à partir de 1973 un petit groupe d’homosexuels au sein de la rédaction. Auteur de nombreuses pièces dans la deuxième moitié des années 1970 et la première partie des années 1980, il meurt des suites du SIDA le 14 décembre 1987, alors qu'il était en pleine répétition d’Une Visite inopportune, dont le personnage principal est un malade du sida qui se meurt dans un hôpital.
sources :wikipédia et Daniel Garcia pour Têtu-mars 2006.
































































Copi dans "Le frigo" (1983)








"Une visite inopportune" de Copi, 

 mise en scène de Stéphan Druet à Buenos Aires (Octobre/Novembre 2009)






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