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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 31 mai 2015




Alfred Jarry, 1873-1907. France



UBU ROI, 1896






Alfred Jarry


En 1888, Alfred Jarry a 15 ans quand il entame des écrits qui seront la première version d'Ubu. Il est au lycée à Rennes et son professeur de physique, M. Hébert, est pour lui l'incarnation de « tout le grotesque qui est au monde ». Le futur dramaturge en fait le héros grotesque d'une farce intitulée Les polonais, une comédie d'abord destinée au théâtre de marionnettes qui deviendra Ubu roi. Alfred Jarry, poète, écrivain, romancier, dramaturge et aussi dessinateur (il dessinera le portrait d'Ubu) est l'inventeur d'un mouvement, la pataphysique qui inspirera les surréalistes et le théâtre moderne. 





Portrait d'Ubu par Jarry


La pataphysique est une science qui cherche à théoriser la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde. C'est « la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité » écrit-il dans un ouvrage en 1898, Gestes et opinions du Docteur Faustroll, qui paraitra après sa mort, en 1911. Jarry est le maître de l'absurde. Quand il mourra en 1907, à l'age de 34 ans d'une méningite tuberculeuse, sa dernière volonté sera qu'on lui apporte un cure-dent! 


La pièce est publiée en avril 1896 aux Éditions du Mercure de France et la première représentation publique d'Ubu roi eut lieu le 10 décembre 1996 au Théâtre de l'Œuvre sous la forme d'un drame en cinq actes et en prose. Les réactions ne se font pas attendre et une polémique telle que la bataille d'Hernani éclate et on se bat entre spectateurs et critiques.




Edition originale d'Ubu roi, Éditions du Mercure de France, Paris, 1896







Edition originale d'Ubu roi, Éditions du Mercure de France, Paris, 1896




Les premières pages











































MERDRE,





























Et les dernières



















Jarry théorise les principes théâtraux qu’il utilise dans Ubu roi dans un article intitulé De l’inutilité du théâtre au théâtre, paru en septembre 1896 au Mercure de France. Il y explique que le théâtre ne doit pas chercher à imiter le réel, que le décor doit être intemporel, que le personnage ne doit pas ressembler à un réel être vivant mais être une synthèse de différents caractères. Jarry souhaite l’éviction du comédien de chair au profit d’un acteur-marionnette (Jarry est influencé toute sa vie par le théâtre de marionnettes) portant un masque, doté d’une voix fabriquée et d’une gestuelle universelle.






Affiche de la première d'Ubu roi au Théâtre de l'Œuvre





Toute psychologie est évacuée, il ne reste que les pulsions brutes : l’ambition, la cupidité, la lâcheté. Jarry ouvre ainsi la voie au théâtre moderne. La pièce est cependant un échec commercial, et Jarry est ruiné. La pièce ne sera jouée que 5 fois entre 1896 et 1950. Il déclinera son personnage dans Ubu enchaîné (1900), L’Almanach illustré du père Ubu (1899 et 1901) et Ubu sur la butte (1901), version pour marionnettes d’Ubu roi. Néanmoins Ubu restera une révolution théâtrale qui ouvrira la voie au surréalisme et au théatre d'avant-garde moderne. Ubu a laissé son nom à l'adjectif ubuesque, apparu en 1922, qui désigne un mélange grotesque de cruauté et de lâcheté.


















Almanach illustré du Père Ubu, 1er janvier 1901 - XXè siècle.














































L'Almanach du Père Ubu Illustré, Janvier, février, mars 1899.






























Conseils utiles pour teindre les cheveux en vert, pour faire tomber et choir les dents, à faire que vin vienne en dégoût à quelque ivrogne...





pour affiner l'or avec les salamandres



























Jarry a incarné dans la vie son personnage. Substituant le principe de plaisir a celui de réalité, il vit dans un monde à part avec trois élément, sa bicyclette, son revolver et l'absinthe. Alcoolique, en voie de clochardisation, il mourra épuisé par son mode de vie, poursuivit par ses créanciers. Il dira un an avant sa mort, « (Le Père Ubu) n’a aucune tare ni au foie, ni au cœur, ni aux reins, pas même dans les urines ! Il est épuisé, simplement et sa chaudière ne va pas éclater mais s’éteindre. Il va s’arrêter tout doucement, comme un moteur fourbu. »



"MERDRE!"




Le père Ubu a été roi d’Aragon et est maintenant capitaine de dragons, officier de confiance du roi de Pologne, Venceslas. La mère Ubu aspire au trône et pousse son mari à s’en emparer en lui brossant un tableau alléchant de la vie de souverain. Le père Ubu se laisse convaincre et fomente une conspiration avec le capitaine Bordure. La veille de la revue de l’armée, la reine a un rêve prémonitoire et tente de dissuader le roi de s’y rendre, mais celui-ci y va quand même, emmenant deux de ses fils tandis que le troisième, Bougrelas, est privé de revue parce qu’il a insulté Ubu.

Pendant la revue, le père Ubu et Bordure commettent leur forfait. Le roi et ses deux fils présents à la revue sont tués. La reine et Bougrelas fuient, mais la reine meurt de chagrin. Parvenu sur le trône, Ubu se montre extrêmement cruel et cupide. Il fait tuer les nobles, les magistrats et les financiers, et impose au peuple de nouveaux impôts, qu’il va récolter lui-même pour être sûr de ne pas être volé. Bordure, emprisonné aussitôt après l’attentat, s’échappe et va chercher l’aide du tsar de Russie, Alexis, contre Ubu.

Le tsar envoie son armée, Ubu doit se résoudre à se battre. Pendant qu’il est à la guerre, la mère Ubu tente de voler le trésor des rois de Pologne, mais elle est chassée du trône par Bougrelas et doit fuir. La mère et le père Ubu, tous deux défaits, se retrouvent dans une caverne. Cernés par l’armée conduite par Bougrelas, ils fuient et se retrouvent sur un bateau en direction de la France.









Ubu roi ou Les polonais, 1965



Jean Christophe Averty






Jean Bouise dans le rôle d'Ubu








Jean Christophe Averty



Le truculent personnage d'Ubu ne pouvait pas ne pas inspirer Jean Christophe Averty. L'homme de radio et de télévision a adapté la pièce pour la télévision en 1965. Le précurseur de l'art vidéo a mis son talent au service de la folie de Jarry. Diffusée le 21 septembre 1965 à la télévision, l'émission est gorgée d'effet spéciaux, de cadrage particuliers, d'insertion de plusieurs plans sur le même écran. Cet ovni télévisuel est un véritable théâtre de marionnettes vivant. Il a su déguiser Jean Bouise en un père Ubu que n'aurait pas renié l'auteur. Rosy Varte joue la mère Ubu. Grace à des trucages astucieux et un génie de la composition et de la mise en scène, Averty nous plonge avec délice dans l'univers de l'horrible père Ubu. Il a réussi à créé un nouvel espace théâtral unique et propre à la vidéo.





Jean Bouise
































































































 Jean bouise et Rosy Varte




















Partie I










Partie II








Partie III







Partie IV











Jean Christophe Averty parle d'Ubu roi et de ses trucages.






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